L’impact du froid hivernal sur les forêts

Quel est le rôle du froid dans la régulation des ravageurs ?

Le froid impacte les cycles de reproduction, la dispersion et la survie des insectes ravageurs.

Zoom sur le scolyte typographe (scolyte de l’épicéa) :

Rappelons que le scolyte typographe impacte essentiellement des arbres déjà fragilisés par le manque d’eau. Il est capable également en pénétrant sous l’écorce d’émettre des phéromones d’agrégation (molécules chimiques) qui se mêlent à la sciure du forage et attirent de nouveaux individus. Le développement de l’insecte est directement lié à la température.

  • Les températures affectent le nombre annuel de générations de scolytes. En effet, une année froide ne permet qu’une seule génération. La hausse des températures pourrait permettre jusqu’à trois générations de scolytes à l’avenir.
  • Le développement des adultes se fait quand la température se situe entre 7°C et 20°C.
    Les seuils de températures favorables au vol printanier devraient devenir de plus en plus précoces.
  • Dernier paramètre, la survie des générations en hiver. Même dans son stade le plus résistant, le coléoptère adulte peut mourir en cas d’hiver froid. Mais un hiver doux va limiter cette mortalité hivernale des générations n’ayant pas terminé leur cycle.

Des hivers doux, quelles conséquences pour la forêt ?

Tout d’abord il y a un équilibre entre le froid hivernal et le cycle biologique des végétaux. Entre en jeu la notion de cumul de degrés-jour et décalage phénologique.


On vous explique : le débourrement, moment de l’année où les bourgeons se développent, n’a lieu qu’après un certain nombre de journées où la température excède le seuil de température (théoriquement +2°C). Cette énergie cumulée, souvent décrite par l’indice des degrés-jour, varie d’une essence à l’autre.
Classiquement les essences de montagne, où de milieux froids sont capables d’enclencher un redémarrage phénologique (la phénologie = cycles biologiques en lien avec les conditions climatiques) avec moins d’énergie… Avec l’évolution climatique : les hivers plus doux déclenchent le seuil de degré-jour plus rapidement et donc un débourrement plus précoce pour la plupart des essences.
Conséquences : une exposition aux gels tardifs qui entraîne la destruction des jeunes pousses non lignifiées, qui n’ont pas atteint le stade de bois.

L’autre phénomène lié aux hivers doux porte sur le sol et le gel. En effet, plus l’hiver est doux, moins les sols sont gelés. Ils sont donc meubles voire boueux (en montagne à cause des fontes des neiges). De ce fait beaucoup de chantiers traditionnellement réalisés en hiver doivent être reportés à une saison plus sèche.