You are currently viewing Qu’est-ce que le martelage ?

Qu’est-ce que le martelage ?

Le martelage est au cœur du savoir-faire du forestier. C’est un acte emblématique et déterminant de la gestion forestière. Il permet de modeler progressivement la composition et la structure d’un peuplement. Il nécessite préalablement une synthèse d’éléments techniques déterminants pour la qualité de sa mise en œuvre : volume de départ des arbres de qualité, surface terrière, répartition par classes de diamètre, proportion des différentes essences… Le choix des arbres à prélever réclame ensuite au marteleur une excellente compétence d’observation et d’interprétation.

Le martelage, une opération courante de gestion forestière

Après avoir retiré un morceau de l’écorce, le marteau forestier de l’ONF permet d’apposer le sceau de l’Etat (Administration Forestière). En forêt privée, les gestionnaires peuvent utiliser également un marteau forestier ou marquer la coupe à la peinture. (crédit photo : David de YPARRAGUIRRE)

Le martelage, ou marquage,  consiste en la désignation de tiges qui seront récoltées au profit d’autres tiges, dites d’avenir. Ces dernières sont destinées à poursuivre leur croissance et le développement de leur houppier.

Le regard du gestionnaire se portera en priorité sur les arbres de qualité, pour déterminer comment travailler à leur profit. L’essentiel de son travail est donc l’observation du peuplement et de la structure de l’écosystème. L’acte du martelage est une conséquence de cette réflexion, qui permet d’atteindre progressivement un niveau de qualité et d’équilibre. En gestion à couvert continu, le gestionnaire adapte le taux de prélèvement afin d’atteindre la structure souhaitée. Le prélèvement est en général modéré et concerne entre 1 arbre sur 10 et 1 arbre sur 5.

Quels éléments sont pris en compte par le forestier ?

L’acte du martelage est donc la conséquence d’une stratégie de gestion sur le long terme d‘un peuplement forestier. Certaines données techniques sont définies préalablement par le gestionnaire. D’autres paramètres sont analysés par l’observation au moment de la désignation et justifient les choix effectués. En voici quelques incontournables :

1/ Identifier les arbres de qualité

C’est l’essence même du travail d’amélioration. La valeur économique du peuplement reposera sur ces arbres de qualité, dits « producteurs ». L’enlèvement d’un concurrent direct de l’arbre de qualité peut justifier un prélèvement, s’il permet de libérer l’accès aux ressources à l’arbre objectif : lumière (conformation du houppier), réserve utile au sol (eau, minéraux) … D’autre part, la récolte d’un arbre de grande qualité ayant atteint ou dépassé son diamètre objectif minimal peut se justifier par un risque de dépréciation d’ici le prochain passage en martelage. Ce choix est également conditionné par la présence de jeunes arbres de qualité, en phase de qualification avancée, prêts à profiter des niches de nourritures libérées.

2/ Doser l’éclairement relatif et le renouvellement 

Le peuplement peut être plus ou moins fermé. L’éclairement relatif au sol est un facteur déterminant dans la dynamique de régénération naturelle des différentes essences. Ainsi, le taux de prélèvement peut être ajusté en fonction du mélange d’essences souhaité en régénération naturelle localement, de la qualité et de la réactivité de la régénération. Maintenir un micro-climat forestier (température, humidité), notamment en période estivale, garantit le bon fonctionnement de l’écosystème dans son ensemble. Le gestionnaire peut donc choisir de conserver un arbre pour son rôle de protecteur ou d’éducateur de tiges d’avenir. Inversement, il peut choisir de le retirer pour favoriser une tige dominée à fort potentiel ou encore l’acquisition ou le développement de régénération naturelle de jeunes héliophiles.

3/ La diversité des essences et des semenciers au sein d’un peuplement.

Plus que jamais dans le contexte climatique actuel, le gestionnaire aura en tête l’équilibre et la diversité entre les essences au sein du peuplement. Ainsi, un arbre d’une essence peu représentée ou rare sera souvent privilégié par le gestionnaire. Si cet arbre est en plus porteur de qualité, ou de dimensions remarquables, il pourra être choisi comme arbre d’avenir ou encore arbre à enjeu environnemental. Il sera dans tous les cas un semencier précieux pour acquérir équilibre et diversité dans la régénération.

Les différents symboles de désignation 

En parallèle du martelage des arbres qui feront l’objet de coupes, les gestionnaires désignent parfois l’origine logique de leur choix. Cela favorise un meilleur suivi dans le temps et une meilleure visibilité. Des symboles distincts permettent la désignation d’options, de tiges d’avenir, d’arbre à enjeux environnementaux, de travaux sylvicoles sur gaulis et perchis, de délimitation de cloisonnement… 

La marque à hauteur d’homme et la marque au pied de l’arbre pour le recollement après coupe, c'est-à-dire s’assurer que l’exploitant a bien suivi le martelage. (crédit photo : ONF/David de YPARRAGUIRRE)
Désignation d'un arbre d'avenir cerclé en bleu. Cette marque permettra aux prochains intervenants (exploitant, ouvriers sylviculteurs) de comprendre l'origine logique du choix du gestionnaire et d'y prêter attention. (crédit photo : Stéphane MARTIN)
Arbre marqué d’un triangle renversé : porteur de dendro micro-habitats (qui accueille des espèces spécialisées) dont la valeur écologique vaut son maintien au sein de l’écosystème forestier. (crédit photo : Stéphane MARTIN)

La place du martelage et de la désignation dans les itinéraires Sylv’ACCTES

Dans la majorité des itinéraires sylvicoles financés par l’association, Sylv’ACCTES accompagne différentes phases de prise en main de la gestion et de maîtrise d’œuvre : diagnostic préalable, préparation au martelage, martelage qualitatif (avec désignation d’options et de tiges d’avenir), marquage des arbres à enjeux environnementaux, matérialisation de cloisonnements d’exploitation, désignation de travaux sur gaulis/perchis.

La préparation et la désignation concrétisent une réflexion de l’opérateur qui souhaite utiliser au mieux les dynamiques spontanées de l’écosystème. Elles permettent ainsi de poser des actions qualitatives, ciblées et réfléchies en forêt et correspondent parfaitement à l’ADN de Sylv’ACCTES. A noter que ces phases de maîtrise d’œuvre sont actuellement principalement utilisées en forêt privée et servent bien souvent de déclic pour les propriétaires et gestionnaires forestiers dans la construction d’un itinéraire de sylviculture douce sur le long terme. »

Lien vers notre article témoignage de  Virginie Monatte  : Le gestionnaire forestier au coeur du déploiement de Sylv’ACCTES