Sylv’ACCTES et la plantation

Plantation

On parle aujourd’hui beaucoup d’arbres et de forêt, mais surtout sous l’angle de la plantation, envisagée de façon plus ou moins massive. La symbolique de la plantation est forte, mais elle recauvre une grande diversité de pratiques. De quoi parle-t-on vraiment dans le contexte français ?

La plantation est une opération de sylviculture qui permet de créer une forêt, de la reconstituer, ou de l’enrichir en essences ou provenances adaptées.

Mais est-ce que la plantation est-elle toujours bénéfique pour les arbres et la forêt ?

Réalisée sans discernement, elle peut en effet être dommageable tant aux écosystèmes qu’aux enjeux locaux et parfois à la production de bois elle-même. Pour mener à la réussite, une plantation d’arbres doit être accompagnée dans la durée. Il faut s’assurer que l’arbre planté pourra croître dans les meilleures conditions pour garantir son avenir : c’est la notion de gestion forestière ou de sylviculture, la plantation n’en étant qu’une éventuelle étape. C’est pourquoi Sylv’ACCTES ne « vend pas des arbres à planter » à ses partenaires, mais sélectionne et accompagne des arbres sur le long terme, qu’ils soient d’origine naturelle ou plantés.

Parmi les divers outils de financement de la forêt, Sylv’ACCTES choisit de se positionner dans le domaine de la restauration et de la gestion durable des forêts existantes, plutôt que dans l’investissement forestier par boisement ou reboisement. L’acte de planter correspond alors à des enjeux bien différents :

Ambiance forestière

Planter pour créer une forêt

On parle alors de boisement, il s’agit souvent d’anciennes terres agricoles ou de friches industrielles. « En France, la forêt représente aujourd’hui 31% du territoire national avec 16.8 Millions d’hectares, cette surface est en progression constante depuis le milieu du 19ème siècle. Entre 1985 et nos jours, la forêt a progressé, portée par sa dynamique d’extension naturelle, de plus de 90 000 hectares par an.»[1]

La position de Sylv’ACCTES : Créer de nouvelles forêts n’est pas un enjeu retenu par Sylv’ACCTES compte tenu de leur progression naturelle de leur aire en France et de la pression que cette dynamique fait peser sur les espaces agricoles entre extension urbaine et enfrichement naturel.

Planter pour reconstituer une forêt

On parle alors de reboisement, c’est l’action de récréer un état boisé là où il était déjà présent. Cette situation se rencontre en France dans trois cas de figures :

1/ Après une coupe finale à vocation économique

Certains modes de gestion de la forêt prévoient ce que l’on appelle une coupe finale (également appelée coupe définitive ou coupe rase) qui prélève 100% des arbres de la parcelle. Cette opération d’exploitation permet, après avoir investi pendant 30 ans, 50 ans ou 80 ans, de commercialiser les produits finaux de la sylviculture. Une fois cette opération réalisée, il s’agit de reconstituer le peuplement forestier, une partie plus ou moins importante du capital étant alors réinvestie par le sylviculteur pour reboiser sa parcelle.

Sylv’ACCTES en tant qu’organisme d’intérêt général n’accompagne pas financièrement des modes de gestion des forêts n’ayant qu’une finalité économique dans leurs objectifs sylvicoles. Par ailleurs, ces opérations de coupes génèrent des revenus lors de la vente des bois, l’ensemble coupe + plantation ne justifie donc pas un accompagnement financier spécifique.

2/ Après une coupe à caractère sanitaire

La transition climatique actuellement en cours peut conduire à des phénomènes de dépérissement plus ou moins intenses (sécheresses, parasites, tempêtes, incendies). Dans certains cas, le sylviculteur n’a pas d’autres choix que de réaliser une coupe de l’intégralité du peuplement. Cette coupe vise à extraire les bois morts et ceux trop touchés pour être en capacité de s’adapter, on parle alors de coupe sanitaire. Après cette coupe, le sylviculteur peut faire le choix de reboiser sa parcelle avec une ou plusieurs essences d’arbres qui sembleraient plus adaptées à l’évolution climatique.

Sylv’ACCTES peut accompagner la reconstitution des forêts dévastées par les effets du changement climatiques à travers son programme « Forêts en crise climatique » en prenant toutefois quelques précautions. Il s’agit d’abord de s’assurer que la coupe qui a été réalisée avait bien une vocation sanitaire, que le revenu de la vente des bois est très faible, inexistant ou complètement absorbée par les coûts d’extraction des arbres.

Enfin, Sylv’ACCTES accompagne financièrement des méthodes de reconstitution hybrides s’appuyant à la fois sur la capacité de réaction naturelle du peuplement et sur des plantations réalisées sous forme de petits collectifs, visant à diversifier le peuplement futur tout en gardant une proportion de bois mort essentielle pour la biodiversité.

3/ Après la coupe d’un peuplement peu productif pour améliorer le rendement forestier

La progression des forêts sur d’anciennes terres agricoles ou d’anciennes friches industrielles suit une dynamique naturelle impliquant, dans un premier temps, un cortège d’essences dites pionnières. Ces essences, qui colonisent ces nouveaux milieux, peuvent d’un point de vue sylvicole, ne pas utiliser tout le potentiel de production de la parcelle (la classe de fertilité). Ainsi, des sylviculteurs peuvent faire le choix de couper l’ensemble du peuplement pour reboiser avec des essences forestières qui utiliseront la pleine capacité de production de la parcelle. On dit que le sylviculteur investit dans un potentiel de production futur. En effet, la qualité des produits forestiers issus de la coupe du peuplement d’origine couvre souvent difficilement le coût d’investissement dans la constitution de la nouvelle forêt.

Sylv’ACCTES n’a pas vocation en tant qu’organisme d’intérêt général à intervenir sur le financement d’opération d’investissement visant à améliorer le rendement économique potentiel d’une parcelle de forêt. Par ailleurs, l’appréciation de la seule capacité de production d’une parcelle pour motiver la coupe oublie tous les aspects de biodiversité et d’équilibre des milieux. De nombreux boisements réalisés il y a une cinquantaine d’années en épicéa notamment ont impacté négativement les milieux.

L’action de Sylv’ACCTES : restaurer, accompagner, enrichir

La forêt a en elle-même la capacité d’assurer son propre renouvellement et son adaptation progressive à de nouvelles conditions climatiques. Mais il lui faut du temps et, des petits coups de pouce peuvent être nécessaires vue notamment la rapidité de la transition climatique.

L’action de Sylv’ACCTES vise, dans un premier temps, à stimuler ces dynamiques de réaction naturelle des peuplements forestiers. Il s’agit d’abord de favoriser la germination des graines sur le sol forestier, par l’apport progressif de lumière, pour obtenir une régénération naturelle. Ensuite, on sélectionne les arbres dit « d’avenirs »[2] (généralement entre 200 et 400 arbres par hectares) et on va les accompagner dans leur croissance tout au long du cycle de gestion forestière. La plantation n’intervient qu’en complément, dans certains cas particuliers : accident climatique et/ou déficit de régénération naturelle. On parle alors de compléments de régénération, installés çà et là par bouquets ou de manière diffuse, à une densité de l’ordre de 400 à 800 arbres par hectares. Ces compléments peuvent être l’occasion de diversifier les essences d’arbres, ou d’introduire des provenances plus méridionales dans le contexte du changement climatique.

[1] Source IGN – l’institut national de l’information géographique et forestière : https://inventaire-forestier.ign.fr/spip.php?rubrique11

[2] Arbres sélectionnés pour leur qualité et leur vigueur sur lesquels les forestiers concentrent les travaux d’amélioration.

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